Le 31 mai, ça y est, un nouveau voyage commence. La 2CV est fin prête. Les premiers kilomètres pour sortir de Ouaga sont assez épuisants, surtout après un an sans avoir touché un volant. « Attention une mob à gauche ! Une moto à droite, une autre devant ! Là, un piéton ! Le camion, il va déboucher sans regarder !!! » Finalement on s’en sort pas si mal et après cette courte expérience, on peut conduire n’importe où. Une fois hors de la ville, la circulation se calme. C’est reposant ! Nous sommes bercés par le bruit du moteur de la deuch. En un jour et demi, nous rejoignons Bobo-Dioulasso, une petite ville bien tranquille. Mais nous décidons de ne pas nous attarder car il y a encore de la route pour rejoindre le Maroc.
Le matin, en repartant du camping, mauvaise surprise : on nous a siphonné le réservoir. Tant pis, on ne va pas perdre notre temps à rechercher le coupable. Du coup, direction le Mali. A 11h, nous passons le poste frontière burkinabais. Le fait que la voiture ne soit pas à notre nom ne pose aucun souci. Tant mieux ! Arrivés au Mali, rebelote : douane, police, gendarmerie. Là, les choses se gâtent, ils ne veulent pas nous faire le visa. Il faut aller à la prochaine grande ville, Sikasso. Là, ils pourront peut être faire quelque chose. Une fois sur place, ils ne peuvent rien pour nous. Mais il n’y a pas de problème, d’ailleurs il n’y en a jamais en Afrique. Ils nous font un défaut de visa, c’est-à-dire, un papier comme quoi nous n’avons pas de visa et que nous allons le faire à Bamako.
Le voyage en deuch est vraiment différent de celui à vélo. Le paysage défile trop vite (même dans une deuch !) pour s’attarder sur tout les détails. Par contre, les « toubabs cadeaux » disparaissent. Du moins, on va trop vite pour les entendre. Avant d’arriver à Bamako, nous éclatons un pneu. Pas grave, nous en avons deux de rechange. Par contre, ils sont tous en aussi mauvais état : usés ou fendus.
A Bamako, nous nous arrêtons trois jours pour faire le visa du Mali et de la Mauritanie, arranger un peu la 2CV et chercher des pneus. Malheureusement, nous en trouverons seulement deux dont un d’occase. Y’a plus qu’à espérer que ça tienne jusqu’au Maroc.
Le 8 juin, nous prenons la route pour la Mauritanie. Enfin, « route » est un bien grand mot car il n’y a que 100 km de goudron. Les 200 autres sont de la piste. Une vraie piste rouge.
Au bout de quelques kilomètres, nous nous apercevons que le capot ne ferme plus. Bizarre ! Finalement nous trouvons la cause : le chassie est entrain de se plier. Aïe, aïe, aïe !!! Il faut au moins arriver jusqu’à Nioro du Sahel pour le faire ressouder. Plus nous avançons, plus la piste se dégrade et plus le chassie se tord. Flo stresse au volant et n’espère qu’une chose : que la piste se termine. Les derniers kilomètres sont une vraie horreur. De grands bancs de sable rainures par les camions. Pas le choix, il faut y aller à fond. Pif, paf , pof, scrrrrichhh, clong !!! Ça tape de tous les côtés et ça racle en dessous. Un peu plus loin ce sont de gros trous ou l’on coincerait facilement la voiture dedans. Enfin, à notre grand soulagement, nous apercevons le goudron. Ouf !
La deuch a résisté mais maintenant elle touche quasiment le sol. A Nioro, nous trouvons rapidement un garage soudeur. On lui explique le problème : « Ok, il n’y a pas de problème ! Inch Allah ! ». Flo surveille tout de même leur travail, mais un petit moment d’inattention et nous passons près de la catastrophe. En soudant, il fait un trou dans le tuyau d’essence. Du coup, ça commence à prendre feu. Nous nous jetons tous dessus avec de l’eau et du sable, et heureusement nous arrivons à éteindre l’incendie. Encore une belle frayeur pour la journée. Une fois soudé, nous repartons avec notre belle Acadiane pour bivouaquer en dehors de la ville. Mais au bout de 3 km seulement, le chassie est déjà replié. Y a plus qu’à y retourner demain ! Pour le moment, un repos bien mérité nous attend. Mais ça ne sera pas pour tout de suite, car le ciel s’obscurcit et d’un coup, une violente tempête s’abat sur nous. Le vent, accompagne de pluie, souffle à une vitesse impressionnante. Nous décidons donc de retourner sur le goudron avant d’être totalement embourbés. Mais ce n’est pas si simple car on n’y voit pas à un mètre. Il faut slalomer entre les arbres et les cailloux avant d’arriver sur la route. Une fois à l’abri, nous nous endormons exténués.
Le lendemain, nous retournons voir notre soudeur. « Pas de problème ». Il nous ressoude ça un peu mieux mais ce n’est pas encore brillant. Comme nous n’avons plus d’argent nous lui laissons en échange un bas-moteur de 2CV. Ça nous allège un peu. Nous repartons enfin vers Ayoun-El-Atrous, en Mauritanie. Les formalités se font rapidement. Idem en Mauritanie, même si on veut nous faire payer un bakchich. Il ne veut pas nous faire de reçu. Donc pas de reçu, pas d’argent. Au poste suivant, il nous embête car nous n’avons pas l’assurance. Normal, on ne peut la faire qu’à Ayoun, 100kms plus loin. Après un quart d’heure de discutions, il nous laisse enfin passer.
Le trajet en Mauritanie se déroule tranquillement : des cailloux, des dunes, des cailloux,…Seul le chassie n’apprécie pas et se retord doucement. Un soir, alors que nous sommes au bivouac devant une tisane, Mélanie sursaute d’un coup. « Je crois que j’ai une araignée dans le dos ! » « Ah oui ! Elle est super grosse ! » « Je bouge pas ! ». Flo la fait partir avec un chiffon mais Mélanie sent tout de même une piqûre sur la cheville. Du coup, c’est parti pour l’aspi venin. Au bout de 15 minutes, ça n’a toujours pas gonflé. Nous sommes rassurés. L’araignée revient tout de même nous narguer avec ses petits. Nous décidons alors de lever le camp pour un endroit plus sûr.
Enfin arrivés à Nouakchott, nous allons faire ressouder le chassie. Cette fois-ci, c’est un vrai pro qui s’en occupe. Un artiste même ! Il y passe toute la journée mais au final c’est une vraie œuvre d’art et en plus, solide. A l’auberge, nous rencontrons quelques voyageurs très sympas, ainsi que des vendeurs de voiture. Nous passons 2 jours en leur compagnie. Mais il nous faut repartir ! Nous quittons donc Nouakchott. Du sable, du sable et du sable. A midi, en sortant à peine de 2 mètres de la route, nous nous enlisons. Heureusement, une 4*4 vient nous aider à sortir de la.
Le lendemain, avant la frontière, une dune barre la route. Nous nous élançons et plof !!! Nous revoilà ensablés. D’un coup, plein de gens viennent nous aider à sortir de là. Cela nous étonne mais nous comprenons bien vite. Ce sont tous des Marocains : « bienvenue au Maroc ». Le passage des frontières se fait rapidement. Maintenant il ne nous reste plus qu’à remonter les 1500 km de désert. C’est long et fatiguant ! Heureusement, nous sommes 2 à conduire. Le soir, première impression : il fait froid ! Le vent souffle sans arrêt et malgré nos pulls, nous sommes gelés.
Pendant 4 jours, c’est la routine. Le bruit de la 2CV devient assourdissant et le soir nous sommes rincés. Mais à notre grande joie, nous retrouvons l’amabilité et l’hospitalité marocaine. Seul hic, avant Goulmim, nous tombons en panne de batterie, mais le problème est vite résolu. Un camionneur vient nous aider à faire démarrer la voiture et 100 km plus loin nous achetons une batterie neuve.
Le 22 juin, après avoir traversé l’Anti- Atlas dans le brouillard et 4500 kms de route, nous arrivons enfin à Agadir. Fini le désert, le sable, la poussière, le vent et nous sommes bien content.