Nous quittons le camping d’Agadir mercredi 19 octobre. La route vers Tiznit est plate, puis monte en pente toute douce. C’est un vrai régal après ces derniers jours de cote. Au bout d’une cinquantaine de kilomètres, les gens et les habitations commencent à se faire de plus en plus rare. Seuls les quelques berbères nomades font pâturer leurs troupeaux. Un soir alors que Florent n’est pas la, Mélanie se lie d’amitié avec une petite bergère. Elle n’ose à la base pas s’approcher de notre campement. Elle et Mélanie ne parlent pas la même langue mais arrivent à se faire passer des sentiments. Après l’invitation de Mélanie, la petite fille la rejoint pour regarder le carnet de bord et ensemble rire des croquis. Lorsque Flo arrive, elle s’enfuit. Tant pis.
A Tiznit, Nous bifurquons vers le bord de mer pour éviter la grande route, mais surtout un col a 1059 mètres. Par notre route, les sommets sur la carte ne montent pas a plus de 900 mètres, mais aucuns col n’est indiqué. Nous verrons bien ! Après une longue descente nous rejoignons Aglou-plage, mais la route qui s’en suit est bien plus vallonnée que prévu. Nous avançons quand même bien. Le paysage vaut vraiment le détour et la brume rend parfois le décor surréaliste. Nous rencontrons 3 cyclistes espagnols en vacances qui remontent de Tan-Tan jusqu’à Agadir. Ils ont une pêche d’enfer. Au bout de 3 jours de route, nous arrivons à Sidi-Ifni. Petite ville tranquille en bord de mer avec ses maisons blanches et bleues.
C’est a partir de ce moment la que nous nous attendons au pire. Nous devons aller à Goulmine, mais il y a les montagnes à franchir. De plus, la carte nous indique 2 flèches, ce qui nous annonce de belles montées en perspective. Heureusement, nous savons que c’est normalement la plus haute étape de notre voyage. A ce qu’il parait après, c’est quasiment plat. A peine nous nous engouffrons dans l’étroite vallée que nous sommes aux anges. Le petit oued qui coule dans le creux de la montagne rouge, rend la végétation luxuriante. Les palmiers s’entremêlent aux bananiers et aux champs de divers légumes. La route monte bien et le soleil tape mais en haut de chaque cote, nous sommes récompenses par un paysage magnifique. Les maisons en torchis se confondent avec la terre de la montagne. Les sommets disparaissent sous les nuages alors que sur le sol, les figuiers de barbarie et les arganiers s’emmêlent les épines. Il faut le voir pour le croire.
Le matin nous nous réveillons dans les nuages. On se croirait en haute montagne. Pendant que le brouillard se lève, nous gravissons les derniers kilomètres de montée. S’en suit une longue descente de 20 km jusqu’à Goulmine. Nous dévalons la pente à une allure folle sans même donner un coup de pédale. C’est la récompense du guerrier.
A partir de Goulmine une nouvelle étape nous attend : le désert. Après avoir visite un souk et fait le plein d’eau (33Litres), nous nous enfonçons dans cette étendue aride et inhospitalière. Cela se résume à des cailloux, quelques montagnes érodées par le vent, le sable et des buissons d’épineux. Le long des oueds asséchés, la nature reprend vie et quelques plantes grasses d’un vert éclatant en tapissent le fond. Les camions sont assez nombreux mais les gens se font rares. Cela nous fait du bien de se retrouver de se retrouver tous les deux seuls face à cette immense étendue, au calme. Le soir, la voûte céleste s’illumine de milliards d’étoiles. Il y en a tellement qu’il est dur de repérer une constellation. Avant d’arriver à Tan-Tan, nous croisons Alexis, un français en 504, qui revient du Ghana et avec qui nous avons communique sur internet. Ensuite nous avons le droit a notre premier barrage de la gendarmerie royale : « Passeport s’il vous plaît, nationalité, profession ». Grâce à nos vélos le barrage se passe dans une bonne ambiance. C’est rapidement que nous traversons la ville de Tan-Tan. Quelques courses le plein d’eau et quelques mail. Florent peut même chatter avec Alex, un copain de Montpellier, alors que nous sommes en plein désert. C’est beau la technologie. Un peu plus loin, alors que nous déjeunons à l’ombre d’un relais téléphonique, un gardien vient nous apporter une couverture et du thé. C’est que du bonheur, les marocains sont vraiment des perles.
10 Kms plus loin, nous nous retrouvons au milieu de deux déserts : le Sahara, désert de pierres parsemés de quelques dunes et l’océan atlantique, désert liquide et sale. Il fait vraiment bon, car c’est l’endroit ou l’air marin vient se mélanger à l’air chaud du Sahara. On nous a dit qu’on allait mourir de chaud, mais c’est l’inverse. Nous sommes souvent en pull avec le chèche autour du cou. Le vent, l’alizé, est au rendez-vous et fort heureusement dans le bon sens. Nous faisons alors des journées de 90 Kms et vers 15h nous plantons le camp.
Au bout de 4650 Kms, les pneus de Florent sont tellement uses qu’ils se déforment et se déchirent. Heureusement, nous en avons en rechange et le lendemain, ça repart avec des pneus tout neufs. Le désert est vraiment beau, à part la ligne à haute tension qui longe la route tout du long, mais au bout de 3 jours nous commençons à nous lasser. Pour passer le temps, nous apprenons les chansons de notre carnet, papotons, ou encore, révisons nos départements.
Au cinquième jour de désert, après avoir passe Tarfaya et 4 barrages de police, le vent nous fait des siennes et change de sens. Cette fois ci, nous l’avons en plein dans le pif. C’est alors une longue journée de galère qui nous attend. Un contrôle de gendarmerie nous permet de nous reposer un peu, puis c’est reparti. Nous avons les yeux rives sur nos compteurs en nous disant : « Allez plus que 29 km ! Plus que 28 … ». Heureusement après le repas, le vent tourne un peu et nous finissons par atteindre Laayoune avec 75 km dans les jambes. Pour nous récompenser, nous nous payons un hôtel et un bon petit resto.