Dimanche 25 septembre, nous pédalons nos derniers kilomètres sur le continent européen pour rejoindre Tarifa et le ferry. Sur la route nous croisons un cortège religieux qui s’étend sur plusieurs mètres. Toute la ville est là pour cette grande marche. Des statues de Jésus et de Marie sont portées sur les épaules par une dizaine de personnes. Deux heures plus tard, après une vérification rapide des papiers nous quittons le vieux continent pour Tanger. Nous faisons tamponner nos passeports sur le ferry et profitons de la vue qui donne sur le port de Tanger.
Ça y est, nous posons nos roues sur le sol africain. A notre grand étonnement, nous franchirons la douane en 1 minute 20. Un miracle!!! A peine la barrière franchie, ce sont les odeurs d’épices, les bruits des mobilettes-charrettes, les pots d’échappements noirs et fumants, les gens qui poussent des chariots et les écritures arabes, qui nous accueillent. Nous traversons rapidement Tanger pour éviter les rabatteurs et les faux guides.
Sur la route, tout les gens nous encouragent et nous klaxonnent. Ça fait plaisir nous sommes bien accueillis. Nous quittons rapidement la grande nationale, pour rouler sur des petites routes plus tranquilles. En un clin d’oeil, nous sommes dans le Maroc profond. Nous voyons des couleurs partout aussi bien dans les paysages que sur les personnes. Les ânes tirent des charrettes plus grosses qu’eux, les bergers paressent sous les arbres et les gens au bord de la route, nous regardent avec de grands yeux ronds. Après un petit village, un jeune garçon nous suit avec son vélo qui grince. Il est fier et heureux de nous suivre. Pas besoin de mots, les sourires et les regards échangés parlent d’eux même. Ce petit garçon est le plus bel accueil que nous a réservé le Maroc.
Les paysages défilent devant nos yeux; tous aussi magnifiques les uns que les autres : les forêts de chênes lièges et d’eucalyptus avec leur terre rouge, les plaines jaunâtres brûlées par le soleil, des petits oueds étincelants de verdure, les plages fouettées et embrumées par les vagues, les champs d’arachides, etc… Que de bonheur et de couleurs pour nos yeux. Mélanie n’arrête d’ailleurs pas de faire des croquis.
Nous traversons le long de la côte les villes d’Asilah et de Larrache. Le camping sauvage devient de plus en plus difficile, car il y a des marocains partout. Il y a toujours quelqu’un au bord de la route, sous un arbre, dans un champ, etc… Donc trouver un endroit tranquille, à l’abri des regards pour pouvoir nous reposer est compliqué. Nous dormons dans un champ d’arachides, heureusement, un peu caché de la route. Le propriétaire, en djellaba blanche, nous donne des arachides et nous propose même de dormir chez lui. Une autre fois peut être, nous voulons nous reposer, nous avons eu une longue journée de pédalage. Voulant tester et renforcer nos intestins, nous prenons de l’eau dans les puits et ne la traitons pas. Conclusion : tout va bien.
La route vers Kénitra devient de plus en plus mauvaise et elle est fréquemment barrée par de profondes ornières de sable. Ce qui entraîne un peu plus tard une belle glissade de Mélanie, mais elle repart rapidement avec un gros hématome à la cheville. Mais cela ne durera pas. Merci Hémoclar!!!
Aux intersections des routes importantes, des petits villages se sont créé avec pleins de mécanicien, d’une téléboutique et de quelques épiceries qui vendent de tout et de rien. Il y a toujours du monde et des camions surchargés garés un peu n’importe comment. Dans les villages, les enfants accourent toujours et essaient de nous toucher mais ils sont vite réprimandés par les adultes. Quand nous leur faisons un petit signe ils sont aux anges. Des femmes berbères sur un chariot, remercient avec des grands sourires Mélanie et lui disent, avec des gestes, qu’elle est splendide. Ça nous touche énormément et nous mettons un peu de temps avant de reprendre nos montures.
Une fois à Kenitra, nous retrouvons la civilisation. Nous suivons ainsi la route jusqu’à Rabat. Dans la ville, les lieux, les odeurs, les gens, …. reviennent à l’esprit de Florent. Il a un peu l’impression de retourner chez lui tout en étant étranger. Une chose est sûre, il est heureux. A Rabat, nous nous installons une petite semaine chez les Hakkaku, des amis Japonais de Florent. C’est l’occasion de se revoir et de se remémorer des souvenirs « marocains ». Nous prenons le temps de nous reposer, de faire des courses, de flâner dans la médina et de faire le visa pour le Mali. Nous avons même le droit à une visite guidée de la ville par le chauffeur des Hakkaku: la tour Hassan, le mausolée Mohamed V, la kasbah des Oudaias, la médina, etc… Petit à petit, Flo redécouvre son ancienne ville, son ancienne maison, l’école Paul Cézanne,…
Nous attendons le colis envoyé par Anne-Marie, mais malheureusement il ne montrera pas le bout de son nez. Ce séjour a été fort agréable et nous repartons de chez les Hakkaku bien chargés par leurs cadeaux: biscuits secs, riz instantanés, soupes de nouilles instantanées et des portes bonheurs.
C’est 100 km plus loin, à Casablanca, que nous nous arrêtons pour faire les visas pour la Mauritanie. Maintenant que nous avons tout cela et les sacoches bien remplies de courses, nous allons pouvoir continuer à découvrir ce magnifique pays: le Maroc.