Notre visa pour la Mauritanie en poche, nous partons jeudi 5 octobre de Casablanca. Les formalités ont été plus rapides que prévues. Nous traversons les bidonvilles qui entourent la cité, pour enfin nous retrouver sur la petite route qui longe la plage et le bord de mer en direction d’El-Jadida. Les lieux pour dormir sur cette route se font rare. Nous sommes parfois obligés de nous arrêter dans des campings. Ils sont assez peu fréquentés, et dans l’un d’entre eux nous sommes les seuls. Nous comprenons vite pourquoi. Les sanitaires sont dans un état indescriptible : sales, cassés, les tuyaux entièrement rouillés et un seul WC ouvert sur douze. Il nous faut énormément de courage pour aller aux toilettes et surtout pour prendre une douche. Nous préférons 1000 fois notre petit bol et faire nos besoins derrière un buisson. Néanmoins l’expérience, voir l’aventure, est à faire ! Mais nous en repartons bien vite.
La route embrumée par l’océan venant s’écraser contre la falaise, nous mène jusqu’à El-Jadida, petite ville calme et sympathique avec un fort portugais très joli et de belles petites plages.
Depuis le 5 octobre, c’est le ramadan. Pendant 28 jours, les marocains musulmans ne doivent ni boire ni manger du lever au coucher du soleil et doivent être bon avec leur voisin. Par respect de cette tradition, nous essayons de pique niquer et de boire à l’abri des regards, ce qui n’est pas une chose facile car il y a du monde partout. Mais vraiment partout !!! Et toujours par respect ou plutôt par gourmandise, nous dégustons de très bons gâteaux qu’ils font durant cette période.
Nous continuons ensuite notre route côtière vers Oualidia. Le paysage change complètement, c’est tout vert : sur notre droite, les salins, les dunes avec les eucalyptus et enfin la mer, de l’autre coté des champs verdoyants. Ici les gens sont très sympathiques et Florent (pas Mélanie qui est une femme) a le droit à des « bonjour M’ssio » toutes les 20 secondes et des saluts. Ça devient presque fatiguant pour son bras droit.
Après Oualidia, la route devient presque désertique, et nous surplombons l’océan. Un soir, nous décidons de planter la tente en contrebas au bord de la plage. Grossière erreur !!! Nous nous retrouvons rapidement sur un sentier caillouteux et sableux. Nous sommes obligés de pousser les vélos. Mais le pire nous attend le lendemain matin. Nous espérons trouver une route un peu plus loin qui nous ramènera sur les hauteurs. Mais le seul chemin que nous trouvons est ensablé et vraiment très pentu. Nous devons donc nous mettre à deux par vélos pour avancer. Conclusion, nous mettons 2 heures pour faire 4 kms et nous sommes déjà fatigué pour la journée. Heureusement la ville de Safi n’est pas très loin et nous nous y arrêtons deux jours pour nous y reposer. C’est une petite bourgade paisible avec sa médina et ses innombrables petites ruelles. Çà vaut vraiment le détour.
Plus nous descendons vers le sud et plus les paysages deviennent désertiques. Des cailloux, des cailloux, et encore des cailloux. Mais bon, y a qu’en même des gens partout. A partir d’ici les enfants nous demandent : « Donne moi un stylo », « Donne moi de l’argent », « Donne moi un cartable ». C’est « La » (non) ! Tu veux qu’on les mettent où les cartables ??? Et les mots magiques, s’il te plaît ? Un jour, ne voulant pas donner de Dirhams, des enfants nous jettent des cailloux. Nous nous arrêtons alors net pour leur dire deux mots. Mais c’est leur père qui s’occupe de les corriger. Non mais quand même ! On n’est pas des porte-monnaie sur roulettes !!! Le soir et le matin, nous faisons souvent télévision. Les enfants nous regardent pendant des heures, observent les vélos, les freins, les portes bagages, le compteur, la boussole, mais surtout ce qu’ils aiment le plus c’est le klaxon de Mélanie. Pouet Pouet !!! Ça, ça les éclate.
Nous sommes de plus en plus fatigués car les côtes s’enchaînent sans arrêt et nous avons souvent le vent dans le nez. Nous savourons les rares moments de plat. Ici, il n’y a que des bergers et des paysans qui labourent leurs champs à l’aide d’ânes, de bœufs ou encore de dromadaires. Nous croisons d’ailleurs de plus en plus de ces derniers. Pour anecdote, un dromadaire a surgit entre nous sur la route. Il sortait d’une maison et c’est mis à suivre Florent. Mélanie est restée béa puis l’a doublé. Il s’est ensuite engouffré dans des buissons. Ça fait une drôle d’impression de se retrouver face à face avec un animal aussi impressionnant avec personne pour le tenir.
Un soir, peu avant Essaouira, nous plantons la tente dans une petite forêt au milieu des vaches et des chèvres. Au coucher du soleil, un jeune berger vient nous voir avec un plat, puis s’en va. Dessus, deux beaux bols de soupe, des petits gâteaux et des dates. Un régal !!! Nous sommes vraiment touchés par ce geste et qui est pour lui tellement naturel. C’est dans ces moments là que nous savourons le Maroc avec tout nos sens et surtout le cœur.
Nous traversons rapidement Essaouira pour nous engouffrer dans les bordures du Haut-Atlas. La route devient de plus en plus montagneuse et donc très vallonnée. Les longues côtes s’enchaînent aux longues descentes au milieu des cailloux, des oueds à sec et des acacias. Ces derniers nous causent d’ailleurs quelques crevaisons et Florent prend donc l’habitude de réparer un de ces pneus tous les matins après le petit-déjeuner. Par chance Mélanie arrive le plus souvent à éviter les épines. Ces trois jours dans la montagne sont pour nous assez épuisant. Depuis quelques jours nous accumulons la fatigue et les côtes sont de plus en plus durent à gravir. Mais nous y arrivons toujours, même si nous devons mettre le temps. C’est ainsi que nous passons nos 4000 kms. Ce ne sont pas les chevilles mais les mollets qui enflent !
Nous finissons enfin à passer tous les cols pour arriver à Agadir. Nous sommes un peu dépaysés car ici on rencontre plus de touristes que de marocains. Nous profitons du camping pour nous reposer un peu et communiquer par internet. Nous repartons mardi 18 octobre si le temps nous le permet (car aujourd’hui il pleut. Et oui ça arrive !), vers Tiznit, Goulmine, Tan-tan, Laayoune, Dakla, … Il nous faut impérativement atteindre la Mauritanie avant que notre visa expire, c’est-à-dire le 4 novembre. Nous avons donc encore quelques coups de pédales à donner.