De Muang Say à Mai Châu (Laos-Vietnam)

Il fait encore beau ce matin et pas encore trop chaud quand nous quittons la ville de Muang Say au Laos. Aujourd’hui, nous sommes le 1er avril, et les garçons nous ont accroché en douce de beaux poissons dans notre dos, sur les vélos ou encore sur la guitare. On peux dire que nous sommes bien chargés ! Nous ne sommes pas mécontent de reprendre la route car cette ville totalement sinisée n’est qu’un carrefour de marchands au milieu des montagnes. Rapidement nous retrouvons une petite vallée toute verdoyante avec de beaux champs en escaliers qui surplombe la rivière et des petites cahutes autour. C’est vraiment beau. De plus, c’est beaucoup plus entretenu. La population, composée de plusieurs minorités ethniques, essaie de prendre soin de son territoire et le résultat est là. A midi, nous nous arrêtons dans une auberge paisible, avec un cours d’eau qui passe en contrebas, quelques cocotiers, le petit marché et le temple en haut de la colline.

En ce moment, nous avons tout notre temps. Il nous reste une centaine de kilomètres avant la frontière et notre visa pour le Vietnam ne commence que le 10 avril, c’est à dire dans 9 jours.

Les températures commencent vraiment à grimper et nous restons au frais dans la chambre toute l’après midi. En fin de journée, on nous indique une source d’eau chaude. Trop cool. Nous allons mettre les pieds dedans, mais c’est vraiment brûlant ! Nous n’avons pas trop le temps d’en profiter car un garde de l’hotel d’à côté vient rapidement nous dire de partir car c’est privé. Tant pis ! Et puis c’était trop chaud !!!

Nous restons 2 jours à Muang La. L’auberge n’est pas chère, mais n’est pas au top non plus : électricité intermittente et de l’eau une à deux fois par jour. Nous repartons donc le lendemain en direction de Pak Nam Noy. Nous longeons toujours la rivière et la route serpente avec de petites montées et descentes. C’est agréable, mais toujours aucun endroit pour camper. Le village de Pak Nam Noy est en fait un croisement de route avec une auberge, 3 restaurants et 4 boutiques et … c’est tout !En revanche l’hotel est au top. Belle douche avec de l’eau chaude, wifi, draps propres et le top, un balcon avec vue sur la végétation et la rivière. Le rêve !Nous nous sentons vraiment bien ici. Devoirs, articles pour le site, organisation du retour… Nous prenons un peu de repos car deux cols à 1000 et 1200m nous attendent avant la frontière.

Deux jours plus tard, nous y sommes. Cette fois ci, le GPS ne nous a pas menti, car ça grimpe bien comme il faut : 850M de dénivelé sur 15km. C’est dur !. Nous nous arrêtons souvent, pour reprendre notre souffle, boire un peu d’eau et se motiver. Heureusement, nous sommes partis tôt, à 7h ce matin, et nous ne souffrons pas trop de la chaleur. Ensuite, le bonheur, la grande descente au milieu de paysages splendides et sauvages. Une belle récompense ! A midi, après 40km, nous trouvons une guest house juste à temps avant une belle averse . Tout le monde reprend des forces pour la suite.

Le lundi 9 avril, nous prenons enfin vraiment la route pour le Vietnam. La deuxième belle côte nous attend et un col à 1200m. Nous partons à la fraîche, et les côtes se font bien. Par contre, l’inclinaison des côtes est proportionnelle à la température et nous atteignons rapidement des côtes à 10%. C’est dur, on avance tout doucement, on pousse un peu les vélos, mais on avance. Nous croisons beaucoup de mobylettes vietnamiennes chargées comme on pourrait difficilement l’imaginer en France. A midi, ça commence vraiment à être costaud ! Les côtes sont difficilement montables à vélo et la température doit atteindre les 35°C. Par chance, nous finissons par trouver un abri à 2km de la frontière. Le reste sera pour demain. En milieu d’après-midi, nous croisons deux couples de cyclistes français et allemand qui triment pour arriver en haut. Ils ont déjà fait 60km et ils leur restent encore 40km avant Dien Bien Phu. Ils ont vraiment du courage et surtout, nous sommes contents de ne pas être à leur place.

Le soir, nous reprenons nos bonnes habitudes de camping. Ca fait du bien de retrouver la tente. On se sent un peu à la maison.

Le 10 avril, arrive enfin, nous allons pouvoir entrer au Vietnam. Mélanie saute de joie, depuis quelle est ado, elle rêve du Vietnam. C’est en plus le but du voyage : le Vietnam. Après 8 mois de voyages, c’est une journée un peu exceptionnelle. Mais nous avons encore 2 bons kilomètres de côte avant la frontière. C’est vraiment raide, mais la motivation nous aide bien et nous arrivons rapidement en haut. Le passage de la frontière Laotienne se fait sans aucun problème. Nous sommes ensuite pendant 7kms dans le No Man’s Land qui, sur les crêtes ; surplombe les deux pays. C’est un peu brumeux mais magnifique. Après une pause rencontre chaleureuse et riche d’informations avec un cyclotouriste Vietnamien, nous arrivons à la frontière du Vietnam. Les formalités sont rapides et nous repartons 10 minutes plus tard pour une longue descente.

Le Vietnam étant un pays plus riche, nous pensions avoir une belle route, mais c’est en fait tout le contraire. C’est un mélange de route, de nids de poules et de piste poussiéreuse. Quelques kilomètres plus loin, mauvaise surprise, une belle montée toute poussiéreuse se dresse devant nous. Nous poussons les vélos sur un petit kilomètre. Ca nous scie un peu les jambes, mais nous finissons quand même en haut. Enfin, la récompense : nous arrivons sur de magnifiques rizières en escalier, d’un vert éclatant. Depuis le temps que Mélanie en rêvait, elle est en extase, les yeux humides. Juste pour ça, le voyage valait le coup. Quelques kilomètres plus loin, nous rejoignons la plaine de Dien Bien Phu. Nous nous arrêtons en bord de route pour manger dans un petit boui-boui. C’est un peu dur de se faire comprendre mais on y arrive. On nous sert du Pho au bo (soupe de nouilles au boeuf), et du Com rang (riz, légumes, boeuf). C’est délicieux et vraiment très goûteux par rapport au Laos. En un mot, on se régale ! Un homme vient s’installer à notre table, offre une bière à Flo et 4 paquets de chips aux garçons. Ils discutent avec nous comme si nous parlions couramment le vietnamien. La gérante partage avec Mélanie un énorme calin qu’elle reçoit avec plaisir. Nous rejoignons Dien Bien Phu dans la journée.

Le lendemain, nous allons visiter le Musée sur la victoire des Vietnamiens sur les Français à Dien Bien Phu. C’est très intéressant même si c’est un peu rapide car ici tout ferme à 11h du matin. Le 12 avril, nous quittons notre hotel et la plaine de Dien Bien Phu. Très rapidement, nous nous retrouvons face à des côtes à 10%. Il faut dire qu’ici il n’y a pas de juste milieu soit ça descend, soit c’est du 10%. Nous nous épuisons rapidement, et les descentes sont à notre goût bien trop courtes ! Nous nous posons à l’ombre dès 10h30 car il fait bien trop chaud. Des enfants et un homme viennent nous regarder et nous proposer de fumer sa pipe à eau. Vue les montées qu’il nous reste ce n’est pas une très bonne idée. En fin de journée, nous trouvons un petit motel-karaoké. Ici ils sont fan de Karaoké, on en trouve partout dans les moindres villages.

Le paysage est toujours aussi beau. De belles rizières où travaillent des hommes et des femmes avec leur chapeaux coniques. Devant, les maisons en bois sur pilotis avec leur portes toutes sculptées jalonnent toute la route. C’est vraiment la carte postale et l’image du Vietnam que l’on imagine. Dès le matin, je crève en pleine descente. Ca faisait longtemps. Après une rapide réparation nous repartons. 5Km plus loin je dois réparer de nouveau car la rustine n’a pas tenue. Dans l’après midi c’est au tour de Loan de crever. Décidément c’est la journée. En fin d’après-midi, nous retrouvons des côtes à 10%. Il nous reste peu de kilomètres mais nous n’en pouvons plus. Nous allons demander à un restaurant si nous pouvons planter la tente. Après quelques temps pour se faire comprendre, il nous installe dans une petite cabane ouverte tout en bambou. L’homme tient ça avec sa nièce. Il à 58 ans et est un ancien lieutenant de l’armée vietnamienne. Le soir, il nous invite à manger : riz, poisson, poulet, omelette etc… C’est un régal ! La discussion est un peu compliquée car ils ne parlent pas un mot d’anglais mais avec les gestes et le téléphone nous arrivons un peu à nous faire comprendre. Bien sur, on nous sert de l’alcool, cette fois ci, une chope de bière pleine d’alcool de tamarin. C’est bon, mais ça tape vite au cerveau. Nous passons la soirée à rigoler et à trinquer. Ca fait du bien.

Le lendemain matin, nous les quittons avec un bon mal de tête mais de belles images dans le cœur. Objectif du jour, trouver un bus dans la prochaine ville pour se rapprocher de la mer et sortir un peu de ces montagnes, car ça fait maintenant près d’un mois que nous n’avons plus vu plus d’un kilomètre de plat et du coup ça commence à être un peu dur physiquement. A peine arrivés, nous voilà en route pour Mai Chaû à 250km au Sud-Est. C’est un bus où les passagers sont… allongés. C’est assez rigolo et au final pas mal. Nous nous mettons ensemble au fond à l’étage. Le chauffeur, comme tous les chauffeurs de bus au Vietnam, conduit comme un fou la main posée sur le klaxon. La technique est assez simple : on klaxonne puis on double après qu’on soit dans un virage, en côte ou qu’il y ai une voiture en face est totalement secondaire. Au final nous sommes bien derrière, ça gigote mais au moins on ne voit pas la route. Nous arrivons finalement à destination après 7 heures de route, un peu rincés par le voyage. Après quelques kilomètres à vélo, nous atteignons les Guest houses que nous avions vu sur Internet. C’est en fait un ensemble de vielles maisons typiques du Vietnam transformées en auberges. Les prix sont exorbitants par rapport au reste. Et pour finir des « blancs » partout. Nous faisons rapidement demi-tour, pour trouver un petit motel « Nhà nghi Tiên Loan » tout neuf, propre et trois fois moins cher. Nous avons maintenant hâte de découvrir la côte et le « plat pays ».

8 commentaires

  1. Merci à vous quatre pour ce merveilleux partage. C’est vraiment une très belle aventure, et effectivement les rizières sont magnifiques…Bonne continuation et plein de bises.
    Béatrice

  2. Effectivement, le bonheur fait aussi pleurer. Bravo à ts les 4. Trois mois maintenant à découvrir ce pays.
    Bisous

  3. merci de votre partage – parfois on revit des paysages connus – mais moins de situations aussi difficiles – bravo pour votre courage – conchita

  4. C’est juste magnifique merci de nous faire rêver. Je partage votre bonheur car je sais à quel point ce continent était important pour vous. Plein de bisous

  5. C’est absolument magnifique comme nature!!! Bravo pour toutes les côtes et profitez bien maintenant de la côte (sans côtes) pour vous rafraichir! Gros bisous à chacun. Marion

  6. Et voilà vous touchez le but de votre voyage, c’est super, bravo à vous 4 pour votre motivation , courage et votre brin de folie 😉. A bientôt😘

  7. Bonjour les cousins.

    Pays étonnant que ce Viet-Nam, peut-être un peu plus riche que les autres pays indochinois (Cambodge, Laos, Viet-Nam) mais qui pour beaucoup d’entre nous de ma génération reste mythique par l’histoire. Quand on le traverse en touriste ainsi que je l’ai fait, on reste sur sa faim et on en perçoit que les instantanées qui ne sont la surface de ce pays. Vous voyagez autrement et vous allez le percevoir différemment avec toute sa diversité sa richesse mais aussi son retard de développement mais c’est d’un étonnement total.
    Les traces de la guerre sont encore perceptibles au Nord mais quasi absentes au Sud et les vietnamiens sont les rois de la débrouille (et des embrouilles) mais aussi un peu arnaqueurs.
    Les paysages sont magnifiques et les villes tentaculaires sont grouillantes de vie.
    Continuez votre voyage, vous allez aimer, détester ce pays et son peuple mais surtout l’aimer car ils vous laisseront des souvenirs impérissables. C’est un magnifique pays.
    Toutes mes félicitions à vos deux loulous pour les montées et bien sûr à vous.
    Gros bisous les cousins et continuez à nous faire rêver.

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